- ESTONIE - Actualité (1990-1996)
- ESTONIE - Actualité (1990-1996) P align=centerRépublique d’EstoniePolitique intérieureLe 30 mars 1990, le Parlement d’Estonie, république Balte annexée par l’U.R.S.S. en 1940, vote le début du «processus de restauration» de l’indépendance, décision déclarée illégale par Mikhaïl Gorbatchev le 14 mai.Le 3 mars 1991, 77 p. 100 des électeurs se prononcent par référendum pour l’indépendance.Le 20 août, au lendemain du putsch des conservateurs à Moscou, le Parlement proclame l’indépendance de la République.Le 20 septembre 1992 se déroulent les premières élections générales depuis l’indépendance. Consultés le 28 juin à l’occasion de la ratification de la nouvelle Constitution, qui instaure un régime parlementaire, les Estoniens avaient refusé le droit de vote aux quelque 5 700 Russes dont les demandes de naturalisation n’avaient pas encore été traitées. Le président sortant Arnold Rüütel, ancien président du Soviet suprême qui a assuré la transition démocratique de son pays, arrive en tête à l’élection présidentielle avec 41,8 p. 100 des voix. Mais son parti Kindel Kodu («Foyer sûr») n’obtient que 18 députés sur 101 au Parlement. Son principal adversaire, Lennart Meri, favorable à une libéralisation plus rapide de l’économie et au remplacement de l’ancienne nomenklatura, remporte environ 28 p. 100 des suffrages. Le parti Isamaa («Alliance de la mère patrie») et les formations modérées qui le soutiennent obtiennent 40 sièges. Le Parlement élit le 5 octobre Lennart Meri à la présidence de la République par 59 voix contre 31 pour Arnold Rüütel.Les 16 et 17 juillet 1993, les autorités ex-communistes de Narva et de Sillamae, villes à majorité russophone, organisent des référendums portant sur l’«autonomie nationale territoriale dans le cadre de la République estonienne», que Tallinn déclare illégaux. Elles entendent ainsi protester contre l’adoption par le Parlement, le 21 juin, d’une loi sur le statut des étrangers, que la minorité russophone du pays juge discriminatoire. La quasi-unanimité des résultats du référendum en faveur de l’autonomie est contrebalancée par la relative faiblesse des taux de participation.Le 26 septembre 1994, le Premier ministre libéral Mart Laar, mis en cause dans un trafic de roubles effectué à l’occasion de la réforme monétaire de 1992, est destitué à la suite de l’adoption d’une motion de censure. Il cède la place à Andres Tarand, soutenu par le Parti social-démocrate.Le 5 mars 1995, l’alliance de centre droit composée notamment du Parti de la coalition de Tiit Vähi, ancien Premier ministre, et de l’Union du peuple rural d’Arnold Rüütel remporte les élections législatives anticipées, avec 32,2 p. 100 des suffrages et 41 sièges sur 101. La droite libérale subit un échec. Le Parti de la réforme de Siim Kallas obtient 16,2 p. 100 des voix et 19 élus, et le parti Pro Patria de Mart Laar, 7,9 p. 100 des suffrages et 8 sièges. Le Parti du centre (centre gauche) d’Edgar Savisaar recueille 14,2 p. 100 des voix et 16 députés. La coalition des russophones, Notre maison, c’est l’Estonie!, de Viktor Andrejev, fait son entrée au Parlement avec 5,9 p. 100 des suffrages et 6 sièges. Le 5 avril, le Parlement investit le gouvernement de coalition formé par Tiit Vähi, qui regroupe le Parti de la coalition, l’Union du peuple rural et le Parti du centre.Le 11 octobre, un scandale politique dans lequel se trouve impliqué le ministre de l’Intérieur, membre du Parti du centre, entraîne la démission du gouvernement. Le Premier ministre forme une nouvelle coalition gouvernementale au sein de laquelle le Parti du centre est remplacé par le Parti de la réforme de Siim Kallas.Le 20 septembre 1996, Lennart Meri, président depuis octobre 1992, est réélu à la tête de l’État par le Parlement, au cinquième tour de scrutin seulement. Il était principalement opposé à Arnold Rüütel.Vie économiqueEn 1991, l’Estonie semble, parmi les républiques Baltes, la mieux placée pour assurer sa viabilité économique. Pour les nouveaux dirigeants, l’Estonie peut tenir un rôle de pivot à la croisée de 2 courants d’échanges: Est-Ouest entre l’ex-Union soviétique et l’Occident et Nord-Sud entre la Finlande et les pays d’Europe centrale et orientale. Le 12 octobre, les 3 républiques Baltes créent un marché unique.Le 21 juin 1992, le gouvernement abandonne le rouble et crée une nouvelle monnaie, le kroon, liée au deutsche Mark.En 1993, le redressement de l’économie estonienne s’accélère. La production nationale est inférieure de 60 p. 100 à son niveau d’avant l’indépendance, mais elle se redresse en fonction du progrès des privatisations et de la réorientation du commerce extérieur vers l’Europe de l’Ouest. Dans le souci d’assurer la continuité avec l’État disparu depuis l’invasion soviétique, le gouvernement adopte le principe de la restitution des biens saisis par les communistes.La Finlande devient le partenaire commercial privilégié (un tiers de ses échanges extérieurs), précédant la Russie, l’Allemagne et la Suède.1994 est l’année du retour à la croissance, le processus d’ajustement à l’économie de marché commençant à faire sentir ses effets. La conduite d’une politique monétaire rigoureuse a raison de l’inflation qui enregistre un fort recul. Les privatisations s’accélèrent.En mars 1995, le changement de majorité politique intervenu à la faveur des élections législatives ne se traduit pas par un changement de ligne économique, même si le nouveau gouvernement se montre plus disposé à compenser le coût social des réformes, notamment pour les retraités et les paysans. Les bons résultats économiques maintiennent l’Estonie en tête des pays Baltes. L’inflation continue à diminuer et les investissements étrangers à augmenter. Seule la balance commerciale reste déficitaire, et de façon croissante.En 1996, l’Estonie continue à enregistrer la croissance la plus élevée des pays Baltes. Le gouvernement poursuit avec succès sa lutte contre l’inflation et le déficit commercial.Relations internationalesLe 12 mai 1990, les présidents des 3 républiques Baltes reconstituent le «Conseil de la Baltique» qui les avait réunies de 1934 à 1940.Le 2 septembre 1991, les États-Unis reconnaissent l’indépendance des 3 pays Baltes, comme l’ont fait une quarantaine de pays, dont la France, depuis la fin du mois d’août. Le 6, le Conseil d’État soviétique fait de même, annulant ainsi leur annexion par Staline en 1940 en application du pacte germano-soviétique. Le 10, les 3 républiques Baltes sont admises au sein de la C.S.C.E. et, le 17, à l’O.N.U. Le 10 octobre, des relations diplomatiques sont établies entre Moscou et Tallinn.Du 13 au 15 mai 1992, François Mitterrand est le premier chef d’État occidental à effectuer une visite dans les républiques Baltes depuis leur indépendance.Le 29 octobre, le président russe Boris Eltsine ordonne la suspension du retrait des troupes stationnées dans les pays Baltes jusqu’à la signature d’accords portant sur la protection des minorités russes.Le 14 mai 1993, admission de l’Estonie au Conseil de l’Europe.Le 10 septembre, le pape Jean-Paul II achève sa première visite dans les pays Baltes et en ex-U.R.S.S. par l’Estonie, où ne vivent que quelques milliers de catholiques.Réunis à Jürmala (Lettonie), le 19 janvier 1994, les Premiers ministres des 3 pays Baltes dénoncent le maintien éventuel des troupes russes sur leurs territoires; le 2 mars, la Russie annonce la suspension du retrait de ses 2 600 soldats encore stationnés en Estonie.Le 26 juillet, l’Estonie et la Russie concluent un accord, à Moscou, sur le retrait des soldats russes encore stationnés dans le dernier des pays Baltes à n’avoir pas trouvé de compromis à ce sujet. Le 30, les 2 pays signent un accord sur le démantèlement, avant septembre 1995, de l’ancienne base navale soviétique de Paldiski, près de Tallinn. Le 31 août, les dernières troupes russes quittent l’Estonie ainsi que la Lettonie. Elles s’étaient retirées de Lituanie en août 1993.Le 28 septembre, plus de 900 personnes meurent dans le naufrage du ferry suédo-estonien Estonia qui effectuait la liaison entre Stockholm et Tallinn.Le 1er janvier 1995, l’accord de libre-échange signé avec l’Union européenne le 14 juillet 1994 entre en vigueur. Le 12 juin, l’Estonie signe un accord d’association avec les Quinze, tout comme la Lituanie et la Lettonie.
Encyclopédie Universelle. 2012.